Quand taire ses émotions devient un poids
La répression émotionnelle , sentiments agréables ou non, pensées douces ou sombres, comportements adaptés ou déroutants, reconnaître ses émotions, c’est s’accepter tel qu’on est. C’est, au fil des jours et des expériences, poser les premières pierres de la confiance en soi.
Mais que se passe-t-il lorsque l’environnement parents, enseignants, figures d’autorité, balaie d’un revers de main ces émotions si vitales ?
Quand les pleurs sont tus, les colères ignorées ou ridiculisées, les peurs jugées insignifiantes ?
L’enfant, peu à peu, intègre l’idée que ce qu’il ressent, ce qu’il pense et ce qu’il fait est inapproprié, décalé, voire erroné.
Un constat universel, nous ressentons tous des émotions
Nous avons tous des émotions. Ce n’est pas une faiblesse, mais une vérité humaine. Qui n’a jamais ressenti de la tristesse, de la joie, de la honte, ou même de la colère ? Pourtant, dans nos sociétés, parler de ses sentiments profonds est encore tabou. Et ce silence fait des ravages : chacun finit par croire qu’il est seul à vivre des émotions si puissantes, si dérangeantes, si uniques.
Les émotions non partagées deviennent des cocottes-minute. À force de réprimer nos affects, nous en venons à croire qu’ils sont suspects, dangereux ou honteux. Et pire encore : nous enseignons cette répression involontaire à nos enfants, en croyant bien faire.
L’influence des fantasmes : entre désir et pulsions
Un fantasme, c’est une image mentale associée à une émotion, souvent puissante. Que ce soit une colère brûlante (voir son ennemi souffrir), une soif de justice (triompher sur son cheval blanc), ou une peur indicible... ces pensées ne font pas de nous des êtres mauvais. Elles traduisent simplement un désir profond, parfois caché, qui ne demande qu’à être reconnu.
Freud l’a démontré avec brio : devenir conscient de ses pulsions destructrices ne nous rend pas destructeurs. Au contraire, cela nous permet de mieux les apprivoiser.
La cocotte-minute des émotions réprimée
Le déni des émotions, qu’il s’agisse de la colère, de la peur ou de la tristesse, n’éteint pas leur intensité. Cela ne fait que les enfouir plus profondément. Mais comme une cocotte-minute mal surveillée, elles finissent toujours par exploser.
Beaucoup pensent que réprimer ses émotions est essentiel pour la vie en société. Pourtant, le taux actuel de violence et de mal-être prouve le contraire. Ce n’est pas la colère ou la frustration qui détruit nos liens humains, mais bien leur refoulement.
Une alternative, l’écoute et l’accueil
Et si, au lieu de réprimer, nous apprenions à reconnaître nos émotions, à les nommer, à les tolérer ? Imaginez un monde où les parents autorisent leurs enfants à exprimer leurs sentiments, même les plus violents, sans peur de rompre le lien.
Montrer à un enfant que sa colère exprimée ne détruit pas ses parents, que ses larmes ne sont pas dangereuses, et que ses peurs sont entendues… c’est lui offrir un cadeau inestimable : la conscience de soi.
Quand les parents répriment les émotions de l’enfant
- Interdire la colère ? Cela pousse l’enfant à refouler cette émotion. Mais elle ne disparaît pas pour autant.
- Pleurer devant lui sans lui expliquer ? L’enfant peut fantasmer qu’il est responsable de la tristesse de ses parents.
- Punir une réaction violente par la violence ? Cela crée une peur profonde d’être détruit ou détruisant.
Ce que l’adulte peut offrir
Pour accompagner un enfant dans la conscience de soi, il faut accepter :
- Ses pleurs, ses cris, ses rires.
- Son droit à dire qu’il a été blessé ou frustré.
- Et surtout, lui donner un espace pour s’exprimer sans jugement.
Ce n’est pas grave d’être injuste ou de blesser l’enfant parfois. Ce qui importe, c’est de revenir vers lui, d’ouvrir le dialogue et de lui permettre de mettre des mots sur ses émotions. C’est dans cet échange que se joue la véritable guérison émotionnelle.
Libérer les émotions : un pas vers la sérénité
Chaque peur ignorée ou colère étouffée est une occasion manquée d’apprendre à gérer ses émotions de manière bienveillante. Pour accompagner un enfant sur ce chemin, posons-nous cette question essentielle :
"Suis-je à l’écoute des émotions de mon enfant ou ai-je tendance à les minimiser par peur de ne pas savoir quoi faire ?"
Des outils pour accompagner les émotions de vos enfants
- Pour vous :
Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent d’Adele Faber et Elaine Mazlish. - Pour lire avec votre enfant :
La couleur des émotions( Anna Llenas).
Grosse colère de Mireille d’Allancé.
Ces ouvrages offrent des clés précieuses pour comprendre et guider vos enfants dans leur univers émotionnel.
Et vous, dans votre quotidien ?
Quelles sont vos astuces pour accueillir les émotions de vos enfants ?
Prenez-vous le temps d’observer comment vos propres émotions influencent vos réactions face à eux ?
Partagez vos réflexions dans les commentaires, vos doutes et vos expériences.
Je serai ravie d'échanger, et répondre à vos questions.
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